Mercredi matin j'ai préparé mon ptit sac à dos : j'aime voyager léger, et encore plus en moto.
Un petit bidon d'huile, la trousse à outil standard, board-short et futal en gore-tex par dessus, une paire de grolles du même métal, les indispensables tongues, 2 tshirts et un blouson sur le dos, une brosse à dent, la cam et zou !
A midi et demi je suis au péage Annecy Sud direction l'ouest - une paire de bouchons anti-bruit solidement calés dans les cages à miel.
Un peu le trac quand même d'attaquer le grand ruban noir avec mon insignifiant brêlon. Je décide d'adopter la technique du "morpion des steppes" également appelée "technique du rémora Ouzbèque" : un poids lourd choisi pour sa vitesse et son haleine fraiche me servira de lièvre et me protègera du vent violent. Je me cale dans l'aspi et me félicite de ce choix qui à le mérite de me protéger des voitures et de me tracter à 90km/h sans efforts sur la poignée. Attention toutefois aux freinages d'urgence : s'agit pas de finir en décalcomanie sur le cul d'un camion !
De nombreuses pauses jalonnent mon parcours, un coup d'essence, quelques étirements, un Magnum double chocolat...
Bref, trajet sans histoire et plutôt une bonne surprise : l'autoroute sur mon brêlon c'est non seulement possible mais pas si galère ; ) Je finis par des ptites routes de montagne parceque je le vaut bien : je traverse l'Allier à Langeac et monte sur les hauteurs pour rejoindre la maison familiale à 900m d'altitude.
Le jeudi est consacré au peaufinage de l'itinéraire du BWD et aux reco en Lada Niva avec mon reup'.
Les paysages sont magiques, on reconnais en fait le jour 2, entre le Lioran et Clermont. Marquage à la bombe sur les passages difficiles à noter, repérages minutieux...
ça me semble vraiment bien et je me régale en pensant que bientôt on passera tous par là.
Le vendredi, je bricole ma moto : c'est pas souvent que j'ai accès à l'outillage paternel et ça me permet de finaliser plein de ptits trucs laissés en plan par manque de moyens : isolation et arrimage des fils électriques avec des colliers rilsan, démontage, ponçage et repeinturlurage du pot parti pour rouiller comme une vulgaire boîte de thon : je découvre un côté "maniaque de la mécanique" que je ne me connaissais pas avant d'avoir mon brêlon chéri.
Message de Yannick sur le GSM, il est temps de partir pour Laschamps. Je suis inquiet de la météo mais je décide de parier sur le beau et de ne rien ajouter au mon équipement succinct. A 10mn du but je me fais copieusement rincer et dois me réfugier dans les sous bois près du lac d'Aydat. Me voici seul, grelottant, à la merci des éléments et le moral dans les tongues. Quelques SMS pour prendre des news des nordistes, et je décide d'en finir malgré la pluie. Un dernier sprint me conduit jusqu'au gîte où je rencontre Legion, un ptit jeune bien d'applomb et pas prise de tête pour 2 sous avec qui le contact passe tout de suite bien.
On tchatche un moment avec Legion et, voyant que nos GSM sont neutralisés par une absence quasi-indubitable de réseau, nous décidons de nous propulser à dos de Tiwis en un lieu plus propice à la communication. J'fais essayer mon brêlon à Légion et je rame sur sa 125 : je dépasse pas les 40 en montée. C'est ainsi que nous nous rendons au pied du Puy de Dôme, nous renseignons sur les prix et horaires de la montée, et recevons un ap
pel de Yannick. "On est à Riom, on a eu quelques soucis électriques on se retrouve à Clermont à 19h..."
Ok : on retourne au gîte et je rencontre Michel, le parrain de Légion et propriétaire d'une vaste onz'cent béhême. Il est déjà l'heure et nous descendons à Clermont par les petites routes. Nous longeons le magnifique et tortueux circuit de Charade, arrivons sur les lieux d'un accident de caisses à base de tôle froissée, petit sourire complice aux MIB et nous nous postons sur la place de Jaude pour attendre les nordistes.
Nouvel appel, ils sont en retard... On mate un peu nos brêles et on se dit qu'on a de la chance d'avoir les plus belles du monde ! Puis on profite du temps qu'il nous reste pour aller nourrir ces dames chez Esso.
Retour place de Jaude et soudain, soudain, la horde sauvage se profile !! Le sol tremble, l'air se déchire et... non là j'en fais un peu trop : bref, ils arrivent quoi. Salutations, bon voyage ? Tout le monde est content et je fais le guide vers le gîte. Je préviens Yannick qu'il devrait charger TWige sur le B6 car la côte à venir est copieuse et j'ai mal au piston pour la 125 de TWin. Les rues se succèdent et ça commence à monter jusqu'à un court tunnel où commencent les choses sérieuses : la montée en lacets jusqu'au plateau. A ma grande surprise les 125 suivent un bon rythme : y'a pas à dire on doit pas les piloter pareil ! Le ciel est tourmenté mais pas de pluie et c'est tant mieux : on arrive au gîte et chacun se livre à une inspection détaillée de chaque Tiwi. TWin nous explique sa recette de pot au thon et nous filons dîner : je suis sans doute le moins fatigué car j'ai peu roulé aujourd'hui.
On nous sert une truffade (spécialité locale de type tartiflétique mais plus fine et meilleure) de qualité juste moyenne mais adaptée à remplir nos estomacs affamés. Nous nous éternisons à table à coup d'anecdotes sur le forum et ses posts, les derniers explois d'olox le laveur/huileur d'élite, le courageux et philosophe Hog qui a à juste titre annulé sa folle croisade et je vous en passe et des meilleures. Pour finir, T2vv nous troue littéralement le cul en se prenant une tisane à la verveine et tout le monde regagne ses pénates. Michel en profite au passage pour nous coller une raclée au ping-pong (à Yannick et moi même) et on se couche à minuit et des brouettes.