Prologue :En ce début de vacances, je sens que j’aurais du mal à lâcher ma récente tw au guidon de laquelle j’éprouve tant de plaisir. Par ailleurs, je ne trouve pas de billets d’avion pour l’endroit où j’avais prévu d’aller. Finalement, ça tombe bien. Consultation d’un atlas : mon regard s’arrête sur ces côtes déchirées, ces montagnes herbues et solitaires et les routes infimes qui s’y perdent. Ce sera donc l’Ecosse. Quelques achats, un dernier post sur Big Wheel Addicts, démarrage au quart de tour comme toujours et c’est parti.
Etape 1 : Paris –Bruxelles Itinéraire :317 Kms
Autoroute A1 direction Roissy, Nationale 2 direction Soissons
Traversée de la frontière à Maubeuge
Autoroute A7 direction Bruxelles
Temps ensoleillé
La sortie de Paris par l’autoroute du nord est un cauchemar éveillé : en travaux, surchargée de camions de caisses pourries prête à tuer pour forcer le passage, etc…
La traversé des plaines céréalières est un peu monotone, voire sinistre : panneaux au bord de la route style « 50 morts sur cette route ces 5 dernières années » avec des silhouettes noires là où il y a eu des accidents mortels, ce qui ne calme pas les Fangio locaux qui conduisent vite et mal. La traversée des champs de bataille de 14/18 (Chemin des Dames), jalonnés de monuments commémoratifs et de cimetières militaires n’égaille pas l’ensemble (encore que certainement intéressant si j’avais le temps de m’arrêter).
Pause café à Laon, jolie petite ville médiévale fortifiée, perchée sur une éminence et qui vaut l’arrêt.
Micro pause à Avesnes sur Helpe ; passage de la frontière à Maubeuge : j’ai l’impression que le voyage commence.
Autoroute en Belgique : moins pire que ce que pensais, ils conduisent déjà moins comme des fous furieux.
Etape 1 bis : BruxellesJ’avais promis à un pote qui habite Bruxelles de passer le voir à l’occasion. Ca tombait bien puisque s’était sur le chemin de mon port d’embarquement, Zeebrugge. Et puis ça faisait une coupure sur le trajet.
Je suis resté 2 jours à Bruxelles : visite de la ville, d’Anvers (en Twingo : mea culpa, mais dans Twingo, il y a tw !), dégustation de bières locales et de cacahouètes d’importation, refaisage du monde sur la terrasse de mon pote, etc…
Etape 2- Bruxelles – ZeebruggeItinéraire :110 Kms
Autoroute A10 puis N31
Temps ensoleillé
C’est juste une étape de liaison : dommage, il y a Gent et Brugge sur le chemin, mais je suis juste niveau temps et je ne m’arrête pas. Le paysage, c’est vraiment le plat pays, rempli de vaches malodorantes. J’ai réservé ma place sur le ferry depuis internet et le départ est à 18 heures. Je n’ai ni montre, ni téléphone portable, c’est au pif. J’arrive 10 minutes avant le départ. Les policiers sont déjà partis et ont laissé les barrières abaissées : l’avantage de la moto, c’est qu’on passe à côté ! Un vigile vient rouvrir le portail d’accès au pont d’embarquement qui avait été fermé J’ai eu chaud sur ce coup, mais les dieux de la tw sont avec moi.
Etape 3 : Zeebrugge – Rosyth Nuit sur le bateau. RAS. Coût de la traversé allée - retour (date open) : 200 euros.
Etape 4 : Rosyth – StirlingItinéraire : 43 Kms
A 985 puis A 907 (A = routes moyennes, style départementales)
Temps légèrement puis franchement pluvieux
Au moment même où le bateau passe sous le pont d’Edinburgh, la pluie se met à tomber. Elle ne cessera que trois jours plus tard. Je trouve un petit chemin de terre qui longe la côte du Firth of the Forth. Sympa comme tout. J’ai encore le moral : au début, ça va, c’est de la petite pluie. Quand la pluie va devenir sérieuse, je vais être mouillé jusqu’aux os en moins de 5 minutes. Compréhension intime et profonde de l’expression « douche écossaise ».
Arrivée à Stirling. Réservation hôtel. Retrait de cash avec ma carte bleu (la BNP me taxe 14 euros quand même à chaque fois). Visite de château sous des trombes d’eau. Je me rends compte que mon petit sac à dos n’est pas étanche : mon guide a doublé de volume et la carte Michelin part en lambeau.
Etape 5 : Stirling – Loch Lomond Itinéraire :48 Kms
A 811
Temps franchement pluvieux
Sous la pluie. Je me rend rapidement compte que mon équipement anti-pluie n’est pas très efficace : pantalon en Gore tex d’alpinisme trop court : avec les genoux pliés, il remonte et découvre les chevilles. Chaussures style randonnée pas imperméables. La veste en Gore tex tient plutôt bien, mais fini quand même par avoir des faiblesses vu le volume de liquide qui tombe du ciel.
Le Loch Lomond est l’un des plus beau Loch d’Ecosse, parait-il. Dans les nuages et sous la pluie, je serais à la Bourboule que ce serait pareil. Je commence à avoir un peu les boules de compétition. La pluie continue atteint le moral. Vu le temps, je décide de me diriger vers Glasgow, histoire de m’abriter dans les musées où dans les pubs.
Etape 6 : Loch Lomond – Arrochar – Glasgow – Lanark Itinéraire:Total étape : 153 kms
Loch Lomond (Baloch) –Arrochard : A 82 : 29 kms
Arrochard – Glasgow : A 814, A 812, A 82, Erskin Bridge (2 kms, gratuit pour les motos), M898 : 75 kms
Glasgow – Lanark : M8, M74, A 71 : 49 Kms
Temps légèrement puis franchement pluvieux, puis (enfin !) ensoleillé
L’étape commence sous une petite pluie (l’adjectif « petite » est très appréciable !) par la visite du village de Luss au bord du Loch. Je suis une route qui monte dans le Glen Douglas (glen = vallée suspendue).
Premier contact avec la route typique des Highlands qui sinue à fleur des prés gorgés d’eau, bordée de montons couchés qui font deviner sa trajectoire imprévisible comme elle doit l’être : un virage de plus est ce qu’une route peut faire de mieux, c’est d’ailleurs ce que ma tw en attend. Un mètre 50 de large, quasi déserte, des petites alcôves pour se garer un cas de croisement, elle tourne là où elle pourrait aller tout droit, prend la plus forte pente qu’elle pourrait éviter. Bref, elle n’en fait qu’à sa tête ce qui dissuade toute velléité à coincer la poignée des gaz. Tellement appétissante que je vais m’en bouffer un bon millier de kilomètres la banane sous la visière du casque.
La route redescend brutalement et vient longer un loch sauvage (le Loch Long). Accalmie puis grosse drache de la mort. Je suis obligé de m’abriter sous l’auvent d’une station service pendant 20 minutes. Les routes sont inondées. Heureusement, la forme du réservoir est pratique pour y caler les genoux et monter les pieds pour tenter d’éviter ainsi qu’ils ne soient trop aspergés (je dois avoir l’air d’un jockey qui court le grand prix de l’arc de triomphe !). De toute façon, les voitures qui arrivent en face m’arrosent copieusement ! Passage par Dumbarton : premiers rayons de soleil écossais : finalement, ça existe. Visite d’un joli château perché. Discussion d’un bon quart d’heure avec un gars qui veut tout savoir de la tw. Arrivée à Glasgow par un pont suspendu avec vue sur l’estuaire de la Clyde (Firth of the Clyde) puis par l’autoroute. Les motards sont particulièrement sympas. Visite rapide de Glasgow puis veine recherche d’un toit pour la nuit. Vers huit heure du soir, la nuit commence à tombée ainsi que la pluie : après avoir fait plusieurs hôtels, Bed and breakfasts et compagnie, je décide de passer à la suivante, Lanark, où j’arrive trempé vers 11 heures du soir. Tant pis pour le dîner.
Etape 7 : Lanark – Ardrossan – Loch RanzaItinéraire :99 Kms
A72, A71, A 78 : 77 kms
Ferry Ardrossan-Brodick (Ile de Arran)
Brodick – Lochranza : A 881, 22 Kms
Traversée sous la pluie, de campagnes mornes, arrivée juste à temps pour le ferry qui va d’Ardrossan à Brodick sur l’île de Arran.
Sur l’île, petite frayeur sur la route : à l’entrée d’un village, la voiture que je suivais freine brusquement en croisant un camion caché par un virage (piège typique de la route écossaise), je freine trop du frein arrière, dérapage, je relâche le frein mais suis obligé de redéraper pour m’arrêter, vu la position dans laquelle je me trouvais. Je dis merci à la stabilité de la tw et repars sous le regard halluciné du chauffeur du camion qui a cru que j’allais l’emplâtrer.
Vers 15 heures, la pluie va s’arrêter pour 3 jours : moi aussi. Je vais profiter de la beauté de l’île et du temps pour faire de randonnée dans les montagnes : on dirait un morceau des Alpes posé sur la mer.
Etape 8 : Ile de Arran – ObanItinéraire :96 kms
Ferry Lochranza- Claonaig (7 kms), B 8001, A 83, A 816
Temps ensoleillé (avec petite averse)
Il s’agit sans doute de la plus belle étape. D’abord parce qu’il a fait beau (à peine une heure de pluie le matin). Ensuite, on rencontre des paysages très variés : on passe des petits cols, traverse des prairies, on longe des lacs, des bord de mer…
A Lochgilpead, en allant prendre de l’essence, je tombe sur le club de Harley Davidson de la Région de Glasgow : 30 Harleys de toutes sortes, rutilantes, en train de faire le plein pour leur petit rasso du dimanche ! Super organisés les gaziers : organisateurs avec des gilets fluos aux armes de la marque portant l’inscription « road Marshall » ou « road captain », reliés entre eux par radio HF, ouvrant et fermant la route. Les mecs étaient carrément déguisés qui en policier américain, qui en Marlon Brando dans « L’équipé sauvage », qui en Denis Hopper dans « Easy rider »… Pas un regard, un dédain superbe, non pas tant parce que j’avais une moto japonaise, encore que c’eut été une raison suffisante à leurs yeux, que parce que je n’étais pas déguisé, je n’avais ni la panoplie ni le jouet, pour aller jouer avec eux. J’ai compris ce qu’était au fond un propriétaire de Harley : non pas un motard, mais quelqu’un qui joue au motard, le week-end, comme d’autres jouent au western en se déguisant en cow boys ou au soldats de Napoléon à la bataille d’Austerlitz : ils s’y croient, mais ils n’y sont pas. Avec ma brêle couverte de boue et mes K-way dégoulinants, j’avais un peu l’impression d’être un gueux qui s’incruste au bal masqué de la duchesse de Windsor ! Assez drôle.
Etape 9 : Oban – KillinItinéraire :86 Kms
A 85, A 827
Temps pluvieux
Étape pluvieuse, mais courte, à travers les Highlands.
Etape 10 : Killin – PitlochryItinéraire :79 Kms
A827, A924
J’ai le temps de « gravir » le Ben Lawers, 1214 mètres, avant que la pluie ne commence à tomber en fin d’après midi.
Traversée du Glen Lyon, un des plus beau d’Ecosse, franchement magnifique, même sous l’orage.
Aberfeldy et Pitlochry sont de bien jolies petites villes, pittoresques.
Etape 11 : Pitlochry - Perth- EdinburghItinéraire :113 kms
A9, M90, Forth Bridge, A 90
La météo prévoit encore de la pluie pour les prochains jours. J’en ai un peu marre. Je décide de me diriger vers le ferry de retour, histoire de déguerpir si la pluie continue. Arrivé à Perth vers 11 heures, la pluie redouble d’intensité (c’était déjà pas mal !). Dégoulinant de partout, je n’ai d’autre solution de me réfugier dans un Mac Do. En enjambant la moto pour repartir, je suis tellement fatigué qu’un crochet de mon pantalon s’accroche à mon sac et me fait perdre l’équilibre : la bécane se vautre. Le guidon vient se cogner contre un mur et la poignée d’embrayage avance de 10 cm sur le guidon. Vite réparé grâce à la trousse à outils fournie d’origine. Vu la tournure des évènements, c’est vers le ferry qui part tous les jours à 17 heures de Rosyth que je me dirige.
Finalement, vers 14 heures, le soleil fait son apparition. Joie simple mais absolue du soleil après la pluie ! L’euphorie me pousse jusqu’à qu’à Edinburgh où je resterai 3 jours. Cette ville est vraiment magnifique. La moto permet de visiter de fond en comble la ville, d’aller dans des quartiers un peu excentrés sans perdre de temps (comme le très kitch quartier du front de mer, Portobello). Il faut se garer aux emplacements moto sinon on se prend des prunes ! Je sais, c’est mal, mais je crois que je ne vais pas payer celle que je me suis prise !
Etape 12 : Edinburgh – Rosyth – Zeebrugge22 Kms
A90, A7
Etape 13 : Zeebrugge – Lille – Arras - Amiens – Beauvais - Paris343 kms
N341, E403, E17, N356, A1, A 21, A221, N17, D 919, N1
C’est un peu le chemin des cathédrales que j’emprunte sans me presser. A Amiens, je "flie" la premier tw vue depuis 15 jours. Le proprio, qui bossait juste à côté, viens me voir pour discuter du site et de la tw.
The End
Conclusion :L'Ecosse est vraiment un super pays pour se balader en tw. La pluie fait mieux apprécier le paysage quand il fait beau et éloigne les beaufs comme le Baygon vert éloigne les moustiques!
Fiche technique :
1- Itinéraire :
- distance parcourue : 2000 kilomètres
- Carte Michelin Régionale n°501 Scotland, Lonely planet Scotland, liste des concessionnaires Yam en Ecosse sur le www.yamaha-motor.co.uk/dealerlocator
- traversé Zeebrugge- Rosyth sur www.seafast.com, 200 euros allée – retour avec date open
2- Bagages :
- sac à dos de 35 litres avec housse imperméable. Pas très lourd, c’est tout à fait supportable. En plus, ça fait cale dos en se mettant un peu en arrière.
- petit sac à dos de 10/15 litres avec housse imperméable (arrimé sur la selle part un filet élastique).
- bombe de graisse à chaîne, 2 bombes anti-crevaison (pas d’huile moteur : trop lourd et possibilité d’en acheter sur place si besoin)
3- Principales erreurs commises :
- j’aurai dû imperméabiliser ma carte routière et utiliser un porte-carte : elle a failli partir en lambeaux.
- vêtements de protection contre la pluie pas assez efficace, chaussures pas assez étanches.
- prendre une clef de 19 et une clef de 22 pour retendre la chaîne