Prologue :
Il y a quelques mois, se manifestait sur notre forum un tiwiste de Hong Kong prénommé Chris qui nous appris l’existence du TW Fan Club. La consultation de leur
FORUMconfirmait l’existence d’un groupe de passionnés de brêlons à l’autre bout du monde, si tant est que le monde ait un bout… Les photographies nous laissaient voir des tiwis retaillées à grands coups déplasticage, avec force pièces japonaises. Nous prenions conscience de l’existence d’un pôle majeur de la culture brêlonesque aux portes de l’Empire du Milieu. L’Orient semble être l’objet d’une perpétuelle redécouverte, et le tiwisme n’échappe donc pas à la règle.
Comme le veut la tradition lorsqu’un nouveau membre se présente sur le forum, la possibilité d’un rasso est toujours rapidement envisagée. La venue de Chris ne dérogea pas à cette règle et la possibilité d’une rencontre fût évoquée.
J’eu l’occasion au mois de mai dernier de me rendre à Hong Kong une dizaines de jours en vacances. Le principe d’une rencontre fût donc arrêté par l’intermédiaire de leur forum.
Rendez vous à Kwun Tong :
Arrivé à Hong Kong en début de semaine, j’appelais Chris le vendredi soir. Il me proposait de me faire visiter des magasins de pièces détachées le lendemain après midi. Seul le dimanche est férié à Hk mais les gens sont en général libres le samedi après midi. La fixation du lieu de rendez vous était décidée. Nous convenions de nous rencontrer à la station de métro Kwun Tong, à Kowlong, à 15 heures (ça se prononce « goune tau », ce qui avait rendu la fixation du lieu de rendez-vous un peu laborieuse). Kowloon (i.e. « les neuf dragons » en référence aux neuf montagnes qui l’entourent) correspond à la partie rattachée au continent du territoire de Hong Kong, qui n’était à l’origine qu’une île. C’est la partie la plus peuplée et la moins occidentalisée. Arrivé à la station de Kwun tong, il y a plusieurs sorties et j’ai oublié celle que je devais emprunter. Je rappelle, nouveaux tâtonnements linguistiques. Un ultime rendez-vous est fixé à l’unique symbole culturel commun du quartier, l’incontournable Mc Do. J’ai à peine le temps de commander un café que Chris et Wing me rejoignent. Ils me reconnaissent immédiatement car j’arbore fièrement t-shirt Big Wheel Addict, à moins que ce ne soit parce que je suis le seul occidental à des miles à la ronde…
Nous arrivons au lieu de rendez vous initialement convenu où j’ai la surprise de voir une dizaine de tiwistes qui m’attendent.
Rapide observation de leurs brêlons totalement mutants. Ces bécanes me donnent l’impression d’avoir été télétransporté dans sur un site web de tuning jap’...
Les présentations sont chaleureuses et amicales. Ici comme ailleurs, les tiwistes qui se rencontrent pour la première fois semblent déjà se connaître. Ce phénomène singulier l’est encore plus à l’autre bout du monde, avec personnes d’une culture si différente que la notre…Mais cette impression d’être en famille ne se démentira pas.
Riding à Kowloon :
Chris me passe le casque qu’il avait apporté et Eric sera mon pilote au guidon de sa 200 dotée d’un bras oscillant allongé. Nous voilà ainsi parti pour un ride dans Kowloon, en direction d'un premier magasin de pièces.
Échangeurs, quatre voies, ponts, tunnels, grattes ciels, le paysage radicalement urbain de Kowloon défile à toute allure et contraste avec la mer et les montagnes qui émergent au détour d’une rue. La tiwi est incontestablement à l’aise au milieu du béton et tout à son affaire quand il s’agit de percer, au feu rouge, le bloc de la foule compacte mêlée à la tôle embouteillée ….
Nous arrivons bientôt au premier magasin de pièces et accessoires, manifestement spécialisé dans les monocylindres. Nos amis sont des habitués du lieu. Une 400 SR (toujours commercialisée au Japon) trône devant l’entrée. Au fond de la boutique, une Suzuki Grass tracker Big Boy 250 (a priori un TU 250 sérieusement retaillé ...), une Honda 250 FTR et une Kawa 250 TR attendent patiemment leur futur propriétaire sous la poussière (y'a des amateurs?). Le magasin n’est pas grand mais il regorge de pièces importées du Japon. Assez chères dans l’ensemble, il faut le reconnaitre. Je repars avec un petit compteur (l’équivalent de 80 euros) qui ne prendra pas trop de place dans mes bagages. Mes camarades en profitent également pour faire leurs emplettes et pour consulter les catalogues de pièces jap’ sur lesquels ils peuvent passer commande.
Nous repartons vers un autre shop d’accessoires en tout genre où je me prends un jeu de stickers histoire de ne pas être venu pour rien.
On repart vers un garage où un tiwiste doit montrer sa bécane au tôlier qui n’est pas là. On profite de l’attente pour me propose d’essayer une 225. Je ne décline pas. Me voilà parti dans la circulation de Kowloon derrière Chris tout de même, car il n’aurait pas fallu longtemps pour que je me perde. Y’a pas à dire, ça pousse bien et ce n’est pas le son du Supertrapp qui vient démentir cette sensation. C’est un immense pied surréaliste que de rider dans cette mégalopole mythique qui m’était totalement inconnue quelques jours auparavant. Miracle de la passion commune qui nous lie. Ici aussi, la tw ne laisse pas les passants indifférents. A moins que ce ne soit la surprise de voir un
« gwaïlo » (fantôme = occidental) à la face ébahie au guidon d’une bécane.
Dîner à Saï Kung :
Le garagiste ne s’est finalement pas pointé. Mes camarades avaient prévu d’aller dîner à Saï Kung, une baie à l’ouest de la ville, à une 20ène de bornes. C’est un peu le Deauville local. Sauf qu’il y a des palmiers, que la mer est chaude et qu’il y a des crevettes fraîches. La route qui s’y rend serpente à flans de montagne, monte et descend, au milieu des Ferrari et autres Porsche décapotables, etc… (HK constitue l’une des plus importante concentration de voitures de luxe, qui, compte tenu de la taille du territoire et du réseau routier, n’ont pas vraiment l’occasion d’aller plus vite qu’une tw… !). Une route à big wheel en somme…
On s’installe tranquille à la terrasse d'un restaurant de fruits de mer, autour de l’indispensable bière. Les grandes questions existentielles tiwistiques sont abordées : comment grappiller quelques kilomètre heures avec sa bécane, pourquoi roule-t-on sur une tw, à quelle fréquence faut-il vidanger, faut-il reprendre un broc de bière, etc … Nous en profitons pour faire plus ample connaissance. Autant la plupart des membres du forum BWA renâclent à utiliser mon pseudo sans l’amputer, autant il est beaucoup simple pour un Hong Konguais que d’essayer de prononcer « Serge ». Tanaykwam était le nom d’une grande chanteuse chinoise adulée, ce qui les amuse beaucoup… Je songe alors que n’ai jamais rencontré le gars qui gare sa tw à 100 mètres de chez moi … ce qui nous réuni est plus que le simple fait de posséder une bécane identique. Peut être y sommes nous plus attachés, peut être pensons-nous que notre passion mérite d'être partagée …
Je suis enchanté en ces instants par ce petit miracle improbable, cette anomalie à une époque où parler à son voisin relève de l’exploit…
Cette sympathique soirée passe trop rapidement. Je ne serais malheureusement pas des leurs pour leur sortie du lendemain ayant pris d’autres engagements (je dois gravir le Ma On Shan, 702 mètres, qui surplombe Saï Kung). Il est temps de se saluer et de se promettre de rester en contact. Heureusement, il reste les vingt bornes de la route du retour pour profiter de la musique des Supertrapps, des courbes et de l’air frais. Chacun fini par bifurquer en direction de chez lui à coup de klaxon. Retour au métro de Kwun Tong, derniers au-revoir…
Qu’ils soient tous remerciés pour ces magnifiques instants…