Voilà. On l'a fait! Montpellier-Ploërmel-Montpellier en allant par la côte et en rentrant par les terres.
Tout d'abord, juste parce que je trouve ça parlant, voici un petit résumé en chiffre:
Jours de voyage: 14 dont 9 de roulage
Kilomètres parcourus: 2 591 km (je tiens au dernier!)
Départements traversés: 16
Passage à la pompe: 24 (on est rarement passé sur la réserve...)
Motards croisés: environ 20 000 (Madone des motards oblige)
TW retrouvées: 5
Karions rencontrées: 2
roro dépensés: carpe diem
bobo, chute, panne: 0 niet rien nada ah ah!Tout a commencé avec cette idée saugrenue: aller voir Warnours chez lui en tiwi.
L'occasion de faire un beau voyage et, pour ma part, de revoir un peu le Morbihan puisque j'ai du sang breton. Et puis, comme Porcaro et sa Madone sont à côté de Ploërmel, on a tablé sur le mois d'août. Voilà, l'idée était lancée. Ne manquait plus qu'à cadrer un peu l'itinéraire, les étapes et les bagages et on est partis avec ce petit air de « impossible n'est pas tiwiste »!
Faut dire qu'un Montpellier-Ploërmel en 125, ça a fait écarqiller plus d'un oeil... curieux, inquiet, circonspect, dubitatif, et le plus souvent les quatre à la fois.
D'ailleurs jusqu'au petit matin du jour J, je n'étais moi-même pas bien sûre de partir. Et puis arrive le moment où l'on passe la première, on tourne la oignée des gaz et on a juste envie de rouler!
Première étape:Grabels (34) - Fronton (31)
Journée de mise en selle, autant dire très éprouvante... Et en plus on part avec la canicule! On s'habitue doucement au nouveau poids des motos qui restent saines malgré ce chargement. On fixe notre vitesse de croisière entre 70 et 80km/h pour ne pas fatiguer les moteurs et de toute façon c'est notre vitesse de croisière en balade ^^
Malgré la grosse fatigue physique, la première nuit est blanche et je commence même à douter de la réussite du voyage. Je décide de serrer les dents et de voir.
Seconde étape:Fronton (31) - Biscarrosse (40)
Découverte des forêts landaises. Ma moto et moi n'avions jamais vu autant de lignes droiiiiiiiites! Un cauchemar de centvingtcinquiste... Il fait plus de 40°C à l'ombre et de l'ombre, je n'en trouve point. Avec la fatigue, ces lignes droites interminables me rendent carrément stone et je frôle même le malaise au guidon.
La moto fête ses 40 000 km sous les pins, je scrute bêtement le compteur pour prendre LA photo!
On arrive vers 20h00, rincés. Du coup, on remet la baignade dans l'océan au lendemain matin. Choix qui s'avèrera être une erreur stratégique.
Troisième étape:Biscarrosse (40) – Saintes (17)
Une journée chiante, il en faut bien une par voyage! On se dirige enfin vers l'océan. Sauf que la canicule nous a honteusement lâchés laissant la place au vent et à la grisaille. On se fraye malgré tout un chemin parmi les campingcars pour jeter un oeil aux vagues de l'Atlantique, mais on préfère remettre la pause baignade à plus belle occasion – encore un choix qui s'avérera regrettable.
Je pensais longer la côte et, de ce fait, profiter d'agréables paysages océaniques et d'occasions de bains de pieds. En réalité, à moins de vraiment passer dans toutes les bourgades de bord de mer, ce qui implique de supporter la circulation touristique en mode escargot énervé et de faire moultes détours, on passe au plus droit, le long d'interminables champs de maïs et de tournesols. Aucun paysage à l'horizon, encore de la ligne droite et le vent des entrées maritimes qui ne nous laisse pas vraiment de répis. Je retrouve quand même le plaisir de la moto lorsque l'on remonte les kilomètres de file d'auto devant le bac qui traverse la Gironde pour Royan. Le bac coûte un bras et je stresse du fait que les motos ne sont pas du tout sécurisées alors que ça secoue pas mal. Et le stress se mêle à l'énervement quand je m'aperçois qu'il est près de 19h30 et que nous n'avons aucun plan pour la nuit. On finira sur le camping municipal de Saintes, très jolie ville soit-dit en passant, à devoir faire la conversation avec des motards impressionnés, mais un peu collants, tout en montant la tente de secours à la tombée de la nuit. Une nuit avec une racine dans le dos, ça vous calme. Au lever, je relativise en me disant que nous ne sommes pas tombés sur la soirée Miss Camping et qu'il n'a pas plu!
Quatrième étape:Saintes (17) – Saint Nazaire (44)
Une étape dont je ne garde pas beaucoup de souvenirs. Une fois encore, nous avons longé la côte sans la voir, si ce n'est lors de notre pause déjeuner à La Rochelle. Le problème des voyages au mois d'août, c'est que le trop plein de touristes donne plutôt envie de fuir. Du coup, on roule, on s'arrête peu et pas longtemps.
Je retiendrai surtout la traversée du pont de Saint Nazaire avec une très belle lumière de fin de journée et l'excellente soirée avec nos hôtes de couchsurfing.
Cinquième étape:Saint Nazaire (44) – Ploërmel (56)
De ce côté de la Loire, nous retrouvons enfin de vrais beaux paysages. De la verdure, des virages (aaaaah!) et enfin des possibilités de voir l'océan. Lors d'une belle balade à Pornichet puis sur la côte sauvage du Croisic. Enfin, la Bretagne! On roule en direction de La Gacilly, jolie village de mes vacances en famille, et on trouve enfin la pluie. On fait notre halte à La Gacilly entre deux averses et on commence à croiser quelques motards en partance pour la Madone. Rien à moins de 1000cm3, un peu fastoche!
Envie de poser enfin nos valises et de voir les potes, on arrive à Ploërmel avec la joie de retrouver Warnours et Sharkman et de réaliser que la première moitié de notre périple est faite.
Déjà 1300 km dans les bottes, yes!
Ploërmel et la Madone 
Acceuillis comme si on faisait partie de la famille, on peut enfin se poser et c'est un vrai bonheur! Et quand je dis se poser, je veux dire.... s'étaler! Notre barda, qui en a fait sourire plus d'un, une fois sorti des sacoches et autres boudins, est juste impressionnant. Des fringues pour une semaine, avec du pour le chaud, du pour le froid, du pour la pluie. De l'outillage à gogo et quelques pièces de rechange. Une bonne grosse pharmacie qui aura, une fois de plus, servie plutôt à Warnours qu'à moi-même (accident de champignons...) Du matos électronique: appareil photo, Go-pro, Intercom, GPS et tout le fourbi de cartes mémoires et autres chargeurs qui les accompagne (prêts pour le Paris-Dakar!). Le couchage avec duvets et tente. Sans compter les petits « au-cas-où »: un mousqueton par-ci, une lampe torche par-là... Quand j'ai vu tout ça plus ou moins sorti dans le camping-car, je me suis dit que ça vaudrait une belle photo au retour avec, en note, ce qui n'a pas servi.
Finalement, la prise de vue posera trop de problèmes techniques, on a eu trop hâte de tout ranger, et surtout, au risque de froisser certains baroudeurs, presque tout aura servi! Plus de détails à l'arrivée.
Après une journée de repos, retrouvailles, balade en ville et bonne ripaille, on se retrouve entre tiwistes et karioneux volontaires pour le départ vers Porcaro. Ça fait du bien de se retrouver à nouveau en mini formation de BWA!
Arrivée au petit village breton, je suis surprise de voir que, malgré la foule, c'est loin d'être le bordel. Il y a une bonne ambiance et les gens sont très respectueux. Pareil rassemblement dans le sud, il y aurait des morts avant même le départ... Je pensais aussi que cela serait un roulage escargot et qu'on passerait rarement la troisième, en fait c'est une vraie balade de 80km! Sauf que les routes nous sont toutes réservées – exit les boites à roues - et qu'on est 17000 joyeux lurons. Sympa! Même les traversées de petits bourgs sont fluides et rendues d'autant plus agréables par l'acceuil qui nous est réservé. On se croirait au tour de France. Malgré mes réticences, je me prends quand même un peu au jeu de faire coucou et de taper dans quelques mimines tendues. Mais le plus suprenant restera le respect et l'attention porté à la conduite de chacun. Pas de GSXR pour vous frôler les cale-pieds en vrombissant en plein virage, pas de Goldwin vous faisant une queue de poisson pour ensuite se caler à 2 à l'heure bien devant. Il y aura bien quelques ruptures, quelques mini-burns mais rien d'insupportable et encore moins de dangereux. Je n'avais même jamais doublé autant de sportives! hé hé...! Bon, il y aura malgré tout un pépin à l'arrivée. Un accident dont on ne connait pas vraiment les circonstances exactes et dont la principale victime sera un motard. C'est toujours un accident de trop, mais vraiment je reste persuadée qu'au vu de la multitude de risques, l'organisation et la sécurité était au top.
Première étape retour:Ploërmel (56) – Chôlet (49)
On aurait adoré rester plus longtemps chez Warnours, mais c'est ça avec les voyages: il faut toujours qu'il y ait un retour, un départ, un au-revoir... (c'est beau!)
Notre couchsurfing de L'île de Noirmoutier nous ayant plantés, et souhaitant fuir un peu les vagues de touristes, on décide de rentrer par les terres. On profite pendant encore quelques kilomètres de la beauté du Morbihan et de l'Ille-et-Vilaine. La température grimpe au fur et à mesure que nous descendons dans les départements. Arrivés à notre étape près de Chôlet, nous chercherons en vain un plan d'eau où nous baigner. Nous trouverons un beau grand lac pollué par une algue toxique et infesté par une nuée de guêpes hyper agressives. Nous comprenons alors pourquoi tout le monde ici nous parle de la piscine municipale comme seul point de baignade...
Seconde étape retour:Chôlet (49) – Marsac (16)
Pour notre itinéraire retour, nous avions décidé de passer près d'Angoulême. Angoulême parce que c'est là que vit Patrick, un néo-tiwiste rencontré par hasard au bord de la route lors de notre venue au dernier BWD. Enjoué par notre projet de voyage breton en tiwi, il nous avait alors proposé de nous héberger si on passait par chez lui. Voilà chose faite. Là encore, nous avons été royalement accueillis! Motos au garage et pic-nique maison préparé, nous sommes invités à partager les grillades sur l'île de Roux, à savoir une des nombreuses îles verdoyantes posées sur les bras de la Charente. Encore une super soirée où la discussion durera longtemps dans la nuit.
Troisième étape retour:Marsac (16) – Puy-l'Evêque (46)
On est content de traverser la belle Dordogne. Beaucoup moins de retrouver la canicule avec des températures supérieures à 40°C! Visière fermée, j'ai parfois l'impression de manquer d'oxygène, mais visière ouverte, l'air chaud et sec venant du bitume me brûle littéralement la cornée et m'étouffe. J'alterne donc entre apnée et semi-cessité. Voyage en moto = joie de la météo!
A quelques kilomètres de l'arrivée, la chaleur et la fatigue auront raison de moi et je découvre ce qu'est la sensation de s'endormir au guidon: totalement flippant. Heureusement, on arrive alors à Puy-l'Evêque, superbe village qui plonge dans le Lot, et un plouf dans l'eau fraîche me requinquera pour la soirée.
Quatrième étape retour:Puy-l'Evêque (46) – Fronton (31)
Bonheur de revoir des vignes, des forêts! Je réalise à quelle point certains coins de France sont arides et inadaptés au voyage en 125... Pour le clin d’œil, on décide de faire une pause baignade à Montcuq! Ensuite, on traverse le Tarn et Garonne et on fait une pause touristique à Moissac avant de boucler la boucle à Fronton. On ne veut pas crier victoire trop vite, mais on se sent déjà un peu triomphant de notre périple. Ça fait plaisir de revoir notre premier hôte et de retrouver ses marques. On décide de prendre une journée un peu tranquille autour de Toulouse avant de rentrer.
Cinquième étape retour:
Toulouse (31) – Grabels (34)
On retrouve le paysage languedocien. Les virages sont extras, l'horizon plein de reliefs. Quelle chance de vivre dans cette région! Le Parc du Haut Languedoc, les Grands Causses, les Cévennes, on n'a jamais fini d'en faire le tour. Ce voyage m'en aura appris des choses, et notamment ça, que ma région est idéale pour la moto! M'en est venu un petit air sous mon casque, sur l'air de dites-moi les amis de Slimane Azem et Cheikh Nordine, pour ceux qui connaissent:
«
dites-moi les amis, qu'est-ce que j'vais faire en Z1000, j'suis bien mieux sur ma tiwi je vous le jure! »
C'est vrai que, si par jours de grand vent j'ai regretté le manque de carénage, ou si sur les interminables lignes droites j'aurais aimé retrouver l'ER6 pour mettre 130km/h au compteur sans effort, au final je me dis que la TW est tout simplement une des meilleurs motos du marché. Légère, facile d'accès et d'entretien, passe-partout, pêchue, personnalisable à souhait, hyper maniable, solide, durant le voyage elle n'a rechigné devant aucune tâche, encaissé les kilomètres et toujours démarré au quart de tour. Certes, ce n'est pas une routière, il faut se faire à la selle planche-en-bois et savoir prendre son temps, mais c'est un bonheur de moto. Les seuls défauts de cette brêle sont les défauts de son pilote. Je ne maîtrise pas encore tout (ça me laisse de la marge pour évoluer!), mais je suis bien contente avec ma conduite pépère qui m'a déjà sauvée la mise plus d'une fois face aux chauffards de tout poil, et j'arrive à faire ce qu'il me faut de sensations quand je peux ouvrir les gaz.
Une fois à la maison, nous étions juste contents. Fatigués, rincés, séchés, mais assez fiers et heureux pour avoir déjà d'autres projets de voyages TW en tête.
Nous n'avions qu'une hâte, défaire notre barda et piquer une tête dans la piscine!
En parlant de barda, je n'ai pas pu faire la photo de grand déballage. Même si j'avais trouvé un endroit proche de la maison suffisamment grand pour tout étaler, je ne sais pas comment j'aurais pu avoir assez de recul pour prendre la photo! C'est dire si nous avions été... prévoyants..^^ Mais comme je le disais plus haut, étonnamment, tout ou presque aura finalement été utile – au moins une fois! Sauf: la plupart des outils et pièces de rechange, et le plus gros de la pharmacie, à savoir deux choses que je ne peux pas regretter d'avoir pris malgré tout. En fait, le seul vrai « poids mort » de la bagagerie auront été les housses motos qui auront pris de la place pour pas grand chose (mais qui auront tout de même servi au camping!)
Ce que je ne regrette en aucun cas c'est l'investissement dans quelques boudins étanches, l'ensemble sacoches latérales+sac arrière, ma super combi étanche BMW spéciale gros poussin, et les intercoms qui ont été un vrai plus!.
Le rack réalisé par Sam à partir de l'expérience de Twin et Twige (que nous remercions) a tenu la route sans nous poser de problème. Seul hic de la bagagerie: mon tooltube fixé à la va-vite s'est subrepticement décroché et a littéralement fondu pendant plusieurs km avant que l'on s'en aperçoive, laissant une fine couche de plastique sur mon pneu et une impression étrange dans mes virages à gauche... ^^
Pour ma part, ce voyage m'a laissé un goût de reviens-y. Malgré les difficultés liées à l'altitude , on pense déjà aux Pyrénées, quitte à s'organiser différemment pour ne pas être chargés.
On regarde la carte de France avec un œil neuf, curieux, envieux de découvrir les plus beaux spots à tw! Je me sens encore plus mordue de moto qu'avant, et même Sam m'a avoué qu'il osait désormais répondre au salut des autres motards sans plus sourciller. Il faut dire qu'on en a épaté plus d'un. D'ailleurs, on n'a jamais été autant salués par les béhèmeux! Finalement, mettez un motard lambda sur une tw pour 2500km, je vous jure qu'à la fin, le mec vous serre franchement la louche! On a juste regretté de ne pas avoir eu plus de temps pour faire des étapes moins éprouvantes et mieux profiter de nos pauses. Et aussi de partir en plein mois d'août, mais rater la Madone aurait vraiment été trop bête!
Autre particularité de ce voyage: nous avions choisi de dormir le plus souvent possible chez l'habitant, pour des raisons économiques mais aussi pour l'ambiance. Et l'ambiance a toujours été au rdv. Mais il faut compter que cela implique des soirées qui finissent tard et, même quand on fait l'effort de se lever tôt le lendemain, de petits cafés en babillages, on n'est jamais sûrs de notre heure de départ!...
Voilà, nous nous occupons désormais à chouchouter les brêlons avec vidange, nettoyage, graissage, et à recharger nos batteries et nos porte-monnaies pour essayer de profiter de l'automne. Quant à l'hiver: on devrait être occupés à fabriquer un attelage et une remorque pour le toutou; on n'a jamais fini de s'amuser avec une tiwi!
Un énooorme merci à tous nos hôtes, à tous les compagnons de passage qui nous ont soutenus et surtout à nos deux merveilleuses brêles!
